Laura Roso Vidrequin, en mode enfants | Les Echos

2022-06-03 18:39:29 By : Ms. Jessica Li

Cette jeune maman a lancé, à Londres, Kids O'Clock, une plateforme de vente de vêtements de seconde main pour enfants, qui compte déjà 20.000 membres et plusieurs services. Elle vient de créer une filiale en France, et un « corner » au BHV.

Par Laurance N'Kaoua

Ces jours-ci, Laura Roso Vidrequin arpente les allées du BHV avec bonheur. Perchés au cinquième étage du magasin, une chambre d'enfant dotée d'un lit ancien, une salle de bain où trône une baignoire sabot, un sofa, quelques étagères et des paniers, servent de décor à une ribambelle de vêtements qui s'étirent sur des cintres…

C'est un « corner » de 150 m2 que se partagent, jusqu'au 17 juillet, trois start-up, dont la sienne, Kids O'Clock, une plateforme d'achat et de revente de vêtements de seconde main pour enfants. A ses côtés, Agua Blanca exhibe ses produits écologiques pour l'entretien de la maison, du linge et du corps. Les meubles, eux, viennent du site de brocante Selency. « Le lien entre nos trois sociétés est qu'elles défendent une consommation durable », explique Laura Roso Vidrequin, qui vient d'ouvrir une filiale de Kids O'Clock à Paris.

Car c'est à Londres que cette jeune maman a lancé sa start-up en 2019, après la naissance de son fils, Albert. « J'ai voulu vendre ses vêtements. Et, à l'époque, aucun site ne conjuguait la technologie, la spécialité de l'enfant et une belle image, qui sont nos trois piliers », reprend, dans un large sourire, cette fille d'un publicitaire, née à Paris il y a trente-deux ans.

Mordue de ski, de surf et de yoga, elle n'est pas du genre à rester les bras croisés. N'a-t-elle pas, quelques livres de Sartre et sa fougue sous le bras, traversé l'Atlantique pour s'installer à New York à seulement 19 ans ? « Je crois toujours que tout est possible. Du coup, ça le devient ! » raconte cette fan de fripes. Désinvolte, parfois. Elle se dit « rêveuse », « maladroite », plus « intuitive » que « logique », « bosseuse ». Surtout, elle balade ses yeux immenses sur la mode comme une science, miroir d'une société...

Jeune, elle sillonnait les boutiques vintage, aimant chiner, chasser les tendances et créer des looks en accordant tissus et silhouettes… avant de découvrir que c'était un métier : acheteuse. En 2009, elle part pour New York, avec pour bagage, une brève expérience de vendeuse chez Chanel, un stage chez Jean-Paul Gaultier, une curiosité insatiable et foi en sa bonne étoile… Elle achèvera son diplôme de l'Isem à distance.

Au programme ? Une promesse de poste d'apprentie acheteuse chez Balmain, pour qui elle a oeuvré à Paris. Mais lorsque son visa s'essouffle, dans la fièvre de Manhattan, elle écrit, démarche, traque les annonces… Un jour où elle « campe » dans les locaux de Moda Operandi, Laura Santo Domingo, fondatrice de la marque et icône de la mode, l'entend parler au téléphone en français. Et l'engage en renfort. Une expérience dans les coulisses de la mode qu'elle peaufinera chez Ralph Lauren où elle apprend l'image de marque, la stratégie… L'occasion, aussi, de gérer cent situations, en prélude à sa vie d'entrepreneure...

Plus près de Paris, à Londres, elle rejoint Conde. nast et son portail Style.com. Le site patine. Mais elle rebondit chez Net-A-Porter puis chez Harvey Nichols, comme acheteuse senior avant de créer Kids O'Clock.

Le seconde main, nouvel eldorado des boutiques

« Elle est inspirante », estime Anne-Lise Perioche, qui a pris les rênes de Kids O'Clock à Paris. Absolutiste, sensible, Laura Roso Vidrequin s'enflamme, admire Lee Radziwill, la soeur cadette de Jackie O. et s'attache à « rendre chaque moment agréable ».

Elle nourrit son compte Instagram, boit du matcha, note tout sur son Google Calendar… « Kids », qui a vu ses ventes exploser durant les confinements, a plus de 20.000 membres. « Il y a un potentiel énorme, poursuit Anne-Lise Perioche. Un enfant change dix fois de taille. Les vêtements sont quasi neufs ! »

Outre la manière classique de vendre en ligne, «Kids» a lancé un service, Golden, où moyennant 40 % des recettes, son staff s'occupe de tout. Il suffit aux internautes de glisser leurs biens dans un paquet prépayé. Et depuis peu, le site propose aux marques de gérer incognito les biens de seconde main de leurs clients. Car elle n'en démord pas, la mode aussi peut durer.

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